BLACK PLASTER PRINCEPS


D’UN MUSÉE L’AUTRE

Après s’être intéressé aux collections privées juives spoliées pendant la Guerre par l’occupant nazi, Raphaël Denis se consacre aux musées et conservateurs allemands, victimes du même régime. Près de seize mille œuvres dites “dégénérées”, selon les critères définis par Berlin, ont été saisies dès les années 30 dans les musées allemands par les autorités. Cent vingt-cinq tableaux et sculptures furent envoyés par les nazis à la galerie Theodor Fischer, à Lucerne, en Suisse, pour être dispersés lors d’une vente aux enchères le 30 juin 1939. Le Kunstmuseum de Bâle et le Musée des Beaux-Arts de Liège y furent parmi les acheteurs les plus actifs. Des œuvres modernes de collections allemandes devinrent ainsi la propriété d’institutions belges et suisses. Ce fut à la fois pour ces musées acquéreurs mesure de protection d’œuvres en péril et enrichissement de leurs propres collections. Prélude à la réalisation d’une installation à l’échelle grandeur nature, la maquette de Raphaël Denis représente le moment où toutes ces œuvres ont été mises en caisses pour être proposées à l’encan. La caisse, comme objet de protection et transfert, évoque à nouveau les enjeux de conservation et de déplacement des œuvres, leur ballotage entre grandes puissances.

After having been interested in the private Jewish art collections that were looted during the war by the nazis, Raphaël Denis has now dedicated his research to German museums and conservators, victims of the regime. Close to sixteen thousand artworks deemed “degenerate” – according to the criteria defined by Berlin – were seized from German museums by authorities beginning in the 1930s. One hundred twenty-five sculptures and paintings were sent by the nazis to the Theodor Fischer Gallery in Lucerne, Switzerland to be auctioned off on June 30, 1939. The Kunstmuseum in Basel and the Musée des Beaux- Arts in Liege were amongst the most active buyers. Modern works from German collections thus became the property of Belgian and Swiss institutions. For these museums, this was both a means of protect endangered works and an enrichment of their own collections. As a prelude to the realisation of a life- size installation, Raphaël Denis’ model represents the moment when all of these works were put into crates and offered at auction. The crate as an object of protection and transport evokes the stakes of conserving and transporting artworks, as well as their shuffling between great powers.

LA LOI NORMALE DES ERREURS : D’UN MUSÉE L’AUTRE - 2022
bois, peinture, graphite et documentation / wood, paint, graphite and documentation
200 x 320 x 70 cm

© Grégory Copitet


BLACK PLASTERS

Depuis le XVIIe siècle, les outils de reproduction des images et objets d’art, tels que la chalcographie ou la technique du moulage, sont au service de la diffusion des collections nationales avec pour but la transmission des savoirs et du génie créatif. Il s’agissait également de porter une politique culturelle offensive, comme démonstration de la puissance de l’État, pouvoir royal ou république. À partir de moulages de bustes anciens acquis auprès du Musée d’Art et d’Histoire de Bruxelles et de la gypsothèque de la RMN, Raphaël Denis se livre à une entreprise de déformation de la représentation. Trempant les oeuvres dans des bassines de plâtre et les recouvrant de gomme arabique et d’encaustique, couches après couches, il s’attaque à leur intégrité, symboliquement transmise depuis plusieurs générations grâce à la reproductibilité du moulage. Dans un geste quasi iconoclaste, l’artiste met à mal le concept de conservation, le déplacement est ici créatif.

Since the seventeenth century, tools to create reproductions of images and art objects – such as chalcography as well as moulding and casting techniques – have been used to increase outreach of national collections with the aim of transmitting knowledge and creative genius. It was also a matter of carrying out an offensive cultural policy, as a demonstration of the state’s power, be it royal or republican. Using casts of ancient busts acquired from the Musée d’Art et d’Histoire de Bruxelles and the gypsothèque (a place where plaster casts are stored) of the RMN (Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais), Raphaël Denis engaged in deforming representation. Soaking the works in plaster basins and covering them with acacia gum and encaustic, layer after layer, he attacks their integrity, symbolically transmitted for generations thanks to the reproducibility of the moulds. In an almost iconoclastic gesture, the artist challenges the concept of conservation. Here, the displacement is thus creative.

AGRIPPA - 2021
plâtre, gomme arabique et encaustique / plaster, arabic gum and encaustic
67 x 37 x 27 cm

FILIPPO STROZZI, BANQUIER - 2022
plâtre, gomme arabique et encaustique / plaster, arabic gum and encaustic
53 x 33 x 60 cm

ARISTOTE, PHILOSOPHE - 2022
plâtre, gomme arabique et encaustique / plaster, arabic gum and encaustic
48,5 x 27 x 23 cm

JEUNE FEMME - 2022
plâtre, gomme arabique et encaustique / plaster, arabic gum and encaustic
49 x 32 x 50 cm

GALLIEN, EMPEREUR ROMAIN - 2022
plâtre, gomme arabique et encaustique / plaster, arabic gum and encaustic
63,5 x 31 x 35 cm


LA LOI NORMALE DES ERREURS


LA LOI NORMALE DES ERREURS : STATUAIRES

KRÄ 230 / KISTE KRA 69 - 2019
textile, cordages, encre et graphite sur étiquette / fabrics, ropes, ink and graphite on label
76 x 54 x 27 cm

KRÄ 239 / KISTE KRA 18 - 2019
textile, cordages, encre et graphite sur étiquette / fabrics, ropes, ink and graphite on label
50 x 34 x 18 cm

KRÄ 229 / KISTE KRA 77 - 2019
textile, cordages, encre et graphite sur étiquette / fabrics, ropes, ink and graphite on label
90 x 52 x 27 cm

R 1549 - 2019
textile, cordages, encre et graphite sur étiquette / fabrics, ropes, ink and graphite on label
63 x 37 x 21 cm


LA LOI NORMALE DES ERREURS : VERNICHTET

VERNICHTET, installation 2016

VERNICHTET, installation 2016